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La comptabilité environnementale à la rue

L'information sur les transports et l'importance de leur contribution à la consommation des ressources et au changement climatique reste dispersée. C'est un constat terrible : en 2020, dans notre pays et dans toute l'Europe, la responsabilité des Transports Routiers de Marchandises (TRM) vis-à-vis des grands enjeux environnementaux n'est pas clairement établie, même par le Réseau Action Climat. Les chercheurs, les statisticiens, les administrations et les professionnels du secteur jouent encore à cache-cache pour ne pas faire toute la lumière sur les processus consommateurs et émetteurs liés directement (lorsqu'un camion roule sur une route) et indirectement (lors de la fabrication du camion et de l'entretien de la route) aux TRM.

Toute la matière grise mobilisée pour préparer l'affichage environnemental sur les produits (notamment alimentaires) n'a pas donné le résultat de ses calculs… Qui sait aujourd'hui combien de camions et de kilomètres parcourus se cachent derrière le rayon fruits et légumes frais d'un supermarché ? Tout ceci est resté “secret défense” ou presque, au désespoir des scientifiques de l'évaluation environnementale qui auraient sans doute voulu aller un peu plus loin dans cette direction.

Publié dans NOTES

Impact environnemental de l'alimentation : et si nous étions encore loin de la vérité ?


Le sujet n'est pas simple. Mais il vaut la peine. Avoir une idée précise des effets positifs et négatifs du contenu de notre assiette, disposer de l'information clé pour décider si nous achetons ou n'achetons pas tel ou tel produit, voilà un sacré défi !
Certains distribuent déjà les bonnes notes et surtout les mauvais points, et "savent dire" ce qui est bon pour le climat de la planète et a contrario ce que nous devons éviter de consommer.

Nous reviendrons dans cette rubrique sur l'utilisation qui est faite ici ou là des données établies par de multiples travaux scientifiques sur les impacts des systèmes agricoles, des chaînes agro-alimentaires et in fine des produits arrivés dans le panier des courses...
Depuis une quinzaine d'années maintenant c'est surtout le monde agricole qui souffre de porter toutes les accusations. Cela a commencé avec une application mal assurée du bilan carbone à l'agriculture et cela continue avec des recommandations hasardeuses, y compris de façon instantanée avec des applications sur smartphone, sur "la meilleure façon" de choisir une alimentation durable...

Personne ne pourra nous contredire pourtant :

  • Premièrement, sur la période 2005 - 2020 et donc jusqu'à ce jour, il ne peut y avoir de consensus fondé scientifiquement sur la reconnaissance des retombées positives des pratiques agricoles ou liées aux surfaces utilisées par l'agriculture. La comptabilité est encore incomplète. Le solde ne peut pas encore être calculé !
  • Deuxièmement, c'est un point fondamental et indiscutable : vouloir dissocier productions animale et végétale qui sont à la fois intimement liées et à bien des égards très différentes, pour les comparer ensuite (ce qui peut être consommé ou non) est artificiel et repose sur des hypothèses de calcul simplistes avec les méthodes utilisées actuellement.

  • Note sur l'évaluation environnementale des transports
    Written by

    François Fuchs, animateur du blog Santé-Environnement 2020,

    animateur du projet Linkalim' sur Sources alimentaires info.

     

    Note sur l'évaluation environnementale des transports

    La comptabilité environnementale à la rue

    L'information sur les transports et l'importance de leur contribution à la consommation des ressources et au changement climatique reste dispersée. C'est un constat terrible : en 2020, dans notre pays et dans toute l'Europe, la responsabilité des Transports Routiers de Marchandises (TRM) vis-à-vis des grands enjeux environnementaux n'est pas clairement établie, même par le Réseau Action Climat. Les chercheurs, les statisticiens, les administrations et les professionnels du secteur jouent encore à cache-cache pour ne pas faire toute la lumière sur les processus consommateurs et émetteurs liés directement (lorsqu'un camion roule sur une route) et indirectement (lors de la fabrication du camion et de l'entretien de la route) aux TRM.

    Toute la matière grise mobilisée pour préparer l'affichage environnemental sur les produits (notamment alimentaires) n'a pas donné le résultat de ses calculs… Qui sait aujourd'hui combien de camions et de kilomètres parcourus se cachent derrière le rayon fruits et légumes frais d'un supermarché ? Tout ceci est resté “secret défense” ou presque, au désespoir des scientifiques de l'évaluation environnementale qui auraient sans doute voulu aller un peu plus loin dans cette direction.

    Written on samedi, 16 mai 2020 11:19 Be the first to comment! Read 2360 times Read more...



Pendant que les méthodes d'analyse patinent, la profession agricole dans son ensemble sert de bouc émissaire et subit un climat de critiques larvées ou jetées à la figure. Dans le même temps tout le système industriel fait profil bas et montre du doigt les exploitations agricoles : "les pollutions c'est par là-bas". Les organisations se sont elles-mêmes piégées progressivement en ne prenant pas le contre-pied des discours officiels vite construits pour faire porter tout le poids des dégradations infligées à l'environnement sur le premier maillon de la chaîne. Ceci alors que l'étape proprement agricole est la seule capable - c'est un comble que cela passe (presque) inaperçu - d'orienter et de valoriser l'énergie solaire pour la production de biomasse et assurer les approvisionnements en ressources alimentaires vitales.

 

Tout sur le dos du monde agricole, illustration par Hélène Le Dauphin
Tout sur le dos du monde agricole, illustration par Hélène Le Dauphin.



Voici la question que nous devrions adresser à tous ceux qui pensent détenir la vérité sur ce que les cultures et les troupeaux ajoutent à notre empreinte écologique : quand l'agriculteur est la cible, qui se cache derrière lui et qui cherchons-nous à protéger ?

En France les discours se sont répartis schématiquement autour de deux positions : d'un côté les tenants d'une agriculture écologique portée par des unités de production de taille modeste, défendant leurs efforts dans le sens d'une certaine autonomie et d'une performance globale, de l'autre la vague influente des grandes exploitations montrant de hauts niveaux de production, justifiant leur efficacité par le calcul du rapport entre leurs émissions polluantes et le nombre de kilogrammes produits.
Cette opposition, largement relayée par les organisations professionnelles agricoles et les pouvoirs publics, est une impasse.
Nous trouverons toujours des systèmes productifs pouvant être qualifiés d'écologiques et de petits exploitations traditionnelles à ranger du côté de l'agriculture polluante tant que nous ne nous pencherons pas sur la partie cachée de l'iceberg, c'est à dire la nature et le niveau des services rendus par leurs activités. Parmi ces services, là aussi nous y reviendrons sur Linkalim', il y a celui qui consiste à tirer bénéfice d'un potentiel naturel peu favorable en utilisant peu de ressources (Service Agro-Ecologique ou SAE).


Une autre prise de recul présenterait un intérêt considérable pour faire sortir l'agriculture du feu des critiques à une époque où elle a bien besoin d'être réhabilitée.

Sous forme de questions :

  • comment sont pris en compte les impacts des industries en amont et en aval de l'agriculture, en allant de l'usine de fabrication des tracteurs jusqu'au à la grande conserverie à l'autre bout de la chaîne ?
  • comment peut-ont caractériser la nature et le niveau des services que ces activités apportent, peuvent-elles faire valoir des effets positifs sur l'environnement ?


Considérerons-nous sérieusement, après quelques années de recherches et après quelques crises, peut-être après encore une vague de disparition d'agriculteurs malheureusement, que l'énergie utilisée chez un maraîcher pour conduire différentes activités et diverses productions sur un espace aménagé et fournir une certaine quantité de légumes comestibles a toujours la même valeur que l'énergie consommée pour transformer, conditionner, conserver et acheminer vers un lieu de vente éloignée la même quantité de légumes ?

Ce dont nous devrions prendre conscience collectivement au plus vite, c'est que lorsqu'une exploitation maraîchère (ou un autre système agricole) mobilise des moyens, cela n'aboutit pas simplement à une récolte mesurable. Cela conduit à de multiples processus et fonctions dont nous ne savons pas aujourd'hui peser les effets. Une estimation juste des services rendus par le cultivateur, l'éleveur de volailles ou de vaches laitières, n'est en fait pas encore à notre portée. Au lieu d'ouvrir nos méthodes d'évaluation encore si partielles et partiales, nous continuons de faire peser sur les seules épaules du monde agricole tout le poids de nos récriminations.

Voici donc ce que nous proposons ici avec Linkalim' :  relancer le débat sur le bilan santé-environnement (donc climat !) de notre alimentation !

Publié dans Actualités Linkalim'

Le Haut conseil pour le climat prend position pour ce qu'il appelle la "relance" verte
Un rapport intitulé "Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir" qui pouvait faire penser à autre chose

Dans ce rapport, le HCC donne son avis sur la dynamique à enclencher après la sortie de la crise du Covid-19, selon lui :

Il est essentiel de placer les enjeux climatiques au cœur des plans post crise du COVID-19. La reconstruction économique et sociale devra notamment réduire nos vulnérabilités, privilégier la décarbonation et transformer plutôt que de sauvegarder à tout prix. Les mesures budgétaires et fiscales devront être subordonnées à des perspectives compatibles avec la transition bas-carbone, s’éloigner des énergies fossiles et favoriser des approches innovantes des déficits et dettes publiques, et privilégier les secteurs structurants et porteurs d’emplois en lien avec une transition bas-carbone juste.

 

  Dans son rapport, le Haut conseil pour le climat* suggère 18 recommandations rassemblées sous 5 grands titres qui veulent "soutenir une sortie de crise qui nous reconstruira plus résilients face à l’avenir". Selon les auteurs, la crise du COVID-19 souligne le besoin urgent de réduire les risques de catastrophes sanitaires et climatiques. Contrairement à ce que suggère le titre il ne s'agit pas d'aborder la prévention des problèmes de santé liés au changement climatique.

 

Pourquoi et comment le lien entre changement climatique et santé est-il abordé dans ce rapport ?


1) Parce que les pandémies comme celle du Covid-19 peuvent être en partie liées à des perturbations écologiques causées par les activités humaines, et que ces activités sont aussi par ailleurs des causes du changement climatique

- Depuis plusieurs années, la communauté scientifique a montré des liens entre pandémies et crise environnementales. Dans son rapport adopté par les États membres en mai 2019 à Paris, la plateforme intergouvernementale pour la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) rappelle que « les zoonoses représentent une menace sérieuse pour la santé humaine [...].Les maladies infectieuses émergentes chez les espèces sauvages, les animaux domestiques, les plantes ou les populations humaines peuvent être amplifiées par des activités humaines telles que le défrichement et la fragmentation des habitats [...] ».

2) Parce que tout en émettant des Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère, la combustion des énergies fossiles a des conséquences sur la santé humaine

- Les émissions de polluants atmosphériques, dont certains agissent également sur le climat, ont de forts impacts sur la santé publique. Les émissions liées à la combustion des énergies fossiles sont responsables d’environ 65 % de la surmortalité due à la pollution de l’air, touchant 3,6 millions de personnes par an, en premier lieu par des maladies affectant cœur, poumons et voies respiratoires.

3) Parce qu'il est maintenant nécessaire de se préparer à faire face à des crises sanitaires avec en toile de fond le changement climatique

- La crise du COVID-19 invite à repenser l’articulation des impacts du changement climatique et la possibilité d’autres crises, notamment sanitaires. La conjonction d’un épisode de pandémie et d’un événement climatique extrême – sécheresse, inondation centennale, canicule, cyclone de très forte intensité pour la France d’outre-mer, submersion côtière – ne relève plus d’une hypothèse d’école.

4) Parce que dans le cas des crises climatiques comme dans celui des crises sanitaires, il faut être prêt

La crise du COVID-19 rappelle l’importance de mettre en œuvre les actions essentielles listées par le cadre de Sendaï pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), encadré par ses quatre priorités :

comprendre les risques de catastrophes ;
renforcer leur gouvernance pour les gérer ;
investir dans leur réduction aux fins de résilience ;
renforcer l’état de préparation aux risques de catastrophes pour intervenir de manière efficace et pour mieux reconstruire.
 

Pour en savoir plus au sujet du cadre de Sendaï 


5) Parce que la crise du Covid-19 révèle des inégalités qui resurgiront dans un contexte de crise climatique

- La crise met en relief les vulnérabilités structurelles, liées aux inégalités de revenu et de conditions de vie, que l’on retrouvera dans les épreuves sanitaires comme climatiques ; celles liées à la société de consommation (fragilité des approvisionnements et de la distribution), celles propres à certains populations ou territoires à la croisée des crises sanitaires et environnementales (quartiers populaires à la périphérie des grandes villes ; territoires ruraux ; outre-mer) ; les vulnérabilités intergénérationnelles encore – l’exposition des plus âgés – et de genre.

 Exposition des populations aux risques climatiques,
d'après l'indicateur mis au point par l'ONERC (Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique)
 



6) Parce qu'il est possible d'encourager des modes de vie qui vont dans le bon sens à la fois pour une meilleure santé et la lutte contre le changement climatique

- Prévenir les risques climatiques ET les risques pour la santé en renforçant les synergies (réduction de la pollution de l’air, lutte contre la déforestation liée aux importations de bois, renforcement des aires protégées, réduction de la consommation et de l’importation de produits animaux et en développant les politiques de prévention. Inspirer, soutenir, accompagner les changements de comportements et de modes de vie vers plus de sobriété : développement des modes de transports quotidiens doux et des infrastructures associées ; extension des possibilités et des pratiques de télétravail.

Ce rapport "Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir" n'est donc pas un document qui développe les liens entre le changement climatique et la santé.

Pour en savoir plus à ce sujet, quelques ressources :

  •  ressources du côté de l'ANSES
  •  ressources sur le site du Ministère de la transition écologique et solidaire
  •  un document de 2007 très complet, publié par l'ONERC** :
 

En téléchargement ici :

le rapport de l'ONERC sur

les risques sanitaires liés au

changement climatique

 


* : Le Haut conseil pour le climat (HCC) a été installé le 27 novembre 2018 et inscrit dans la loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat. Cet organisme est chargé d'apporter des avis et des recommandations neutres,indépendantes et à long-terme pour accompagner la France dans la transition bas-carbone. Il est actuellement présidé par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré.

** : Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique.

 

  •  Le lien vers la page web du HCC consacrée au rapport "Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir" - avril 2020, 20 pages

Le lien vers le document téléchargeable dans les ressources de ce site