Plan de l'article


Introduction


Objet multiforme en perpétuelle évolution, l’ACV mobilise de nombreuses équipes de chercheurs à travers le monde. Le temps où elle ne s’intéressait qu’aux activités industrielles est donc révolu et de nombreux travaux portent désormais sur les activités agricoles. Tandis que certaines approches s’intéressent aux systèmes de production agricoles, d’autres se focalisent davantage sur le système productif agro-alimentaire, autour des activités de transformation, et vont chercher auprès des premières le complément d’enquête qui leur manque sur les impacts proprement agricoles. C’est en se confrontant de plus en plus au "monde vivant" que l’ACV a été amenée à relever de nouveaux défis. L’évaluation environnementale qu’elle produit, même si elle ne détermine que des impacts potentiels et ne repose pas sur des mesures, se doit de refléter au plus près la situation vécue par les acteurs de terrain. Sa crédibilité est en jeu lorsque l’analyse aboutit à des calculs théoriques d’indicateurs n’intégrant pas suffisamment les réalités du milieu où elle s’applique et laissant des zones d’ombre en face d’enjeux environnementaux très localisés et diversifiés. Indépendamment de sa capacité à faire le bilan écologique de l’ensemble d’une filière longue en partant des fournisseurs et en allant jusqu’aux consommateurs finaux, l’ACV joue désormais sa crédibilité sur les terrains de la biodiversité, du stockage de carbone dans les sols, des changements de destination des surfaces (déforestation, remise en culture des prairies, etc.), des aspects sociaux et de la durabilité au sens large.
Les attentes des agriculteurs vis-à-vis des outils d’évaluation apparaissent de plus en plus clairement : le prisme de la méthode employée doit leur permettre d’identifier les impacts négatifs à mieux maîtriser tout en mettant en lumière les effets bénéfiques de certaines de leurs pratiques. Effets bénéfiques sur l’environnement naturel lorsque l’agriculture contribue par exemple à la mosaïque des biotopes à l’échelle d’un territoire, mais aussi plus largement quand l’agriculture locale remplit d’autres fonctions. Ils peuvent notamment souhaiter voir le rôle nourricier de l’agriculture mis en avant avec un indicateur approprié. Une approche multicritères est ainsi en mesure de montrer un profil d’agriculture où des signaux plus ou moins alarmants sur le volet des émissions polluantes se combinent avec une représentation des services rendus au territoire. Si cette demande de reconnaissance est légitime, et que théoriquement il est envisageable de la concevoir comme une amélioration de l’ACV, les initiatives dans ce sens sont rares et ne débouchent pas encore sur des solutions opérationnelles.

Partager :

Connexion

Merci de vous connecter pour accéder à l'espace collaboratif

Bienvenue

Go to Top